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“On a besoin de contribuer au monde, ça fait partie de notre raison d'exister…”

Ingénieur en aérospatiale, Nathalie Legros a toujours été fascinée par le ciel et par notre place dans le cosmos. Dans son livre “Alchimiothérapie”, elle nous raconte son parcours à travers les hôpitaux, les champs et les forêts, depuis le jour où elle a appris qu’elle avait, pour la seconde fois, un cancer du sein.

Ce jour-là, elle a decidé d’écrire son histoire pour la transmettre. Force de l’échange, du donner et du recevoir. Un voyage initiatique durant lequel elle va apprendre à écouter sa voix intérieure et à faire des choix, ou est-ce l’inverse? Rencontre rayonnante et pourtant bouleversante avec une femme hors du commun.

Anne Gillet - Parlez-nous de vous, Nathalie… Vous avez un parcours « hors catégorie » ! 

Nathalie Legros - J’ai 56 ans, j’ai grandi à Liège et j’habite aujourd'hui à Lierneux, dans les Ardennes belges, entre Bastogne et Liège. Je viens d'une famille d'intellectuels un peu élitistes, ce qui a très vite coincé avec ma personnalité, et cela, dès mon enfance. Mais j’ai marché dans les rangs pendant longtemps tout de même. J'ai une formation d'ingénieur en aérospatiale, donc ingénieur de l'espace (ce n’est pas du tout ça que je ferais aujourd'hui !) Et en aérospatiale, parce que le ciel me fascinait, il me faisait rêver. Notre place sur la terre, notre place dans le cosmos, c'étaient déjà des choses qui m'animaient beaucoup quand j'étais enfant. Et grâce à ce diplôme, j'ai aussi reçu une formation en mécanique quantique qui m'a beaucoup inspirée dans ma vie de façon globale. J’ai travaillé pour l'Agence spatiale européenne et puis finalement la Commission européenne et le Conseil européen de la recherche scientifique. C’était une période de ma vie où je croyais vraiment dans la recherche scientifique. Mon père endocrinologue était professeur à l'université, c'était un vrai chercheur, parmi les premiers précisément à voir l'aspect intégratif des choses. Et j'adorais aller dans les congrès avec lui et je rêvais moi même d'être chercheur, mais l’aspect administatif entre autres, m’en a détourné. 

Anne Gillet - En fait, un premier événement dans votre vie va être un déclic, une prise de conscience…

Nathalie Legros - J'ai eu un grave accident de voiture à l'âge de 30 ans et cela a complètement bousculé ma vie. J'ai fait une expérience de mort imminente et ça, ça a été vraiment un grand tournant. Très vite, dans ma vie professionnelle, je me suis rendu compte qu’en fait, les objets ne m'intéressaient pas vraiment, ni la technologie telle qu’on me l’avait présentée. Seules les relations m'intéressaient et donc dans ce métier d'ingénieur, c'était un peu aride !  Je suis donc devenue “tout naturellement” médiatrice et j'ai vraiment commencé à travailler sur les relations. J'ai pris du recul petit à petit avec la science. La paix est restée mon centre principal de focus. J'ai tenté d’éveiller mes collègues car pour moi, les institutions européennes, c'étaient des institutions de paix, mais j’ai observé que mes collègues n'étaient pas en paix. Et j’ai essayé de leur offrir un espace où ils pourraient trouver une forme de paix, et feraient du meilleur travail. Tout ça m'a conduit à introduire la pause silence il y a quinze ans. On ne pouvait pas parler de méditation parce que ça, c'était trop connoté (rires !). Et puis ça s'est amplifié et une fois que c'est devenu vraiment visible, ça a été plus compliqué de l’organiser (rires !). Et bon, en 2017, j'ai débarqué de cette sphère professionnelle d’abord au travers d’un burn out et ensuite deux cancers successifs.

« Maintenant, Nathalie, tu sais, si tu ne vis ça que pour toi, ça n'a pas de sens. C’est certainement que tu vis cette experience pour le collectif.”

Anne Gillet - C’est là où est venue votre idée d’écrire un livre? 

Nathalie Legros - J’ai été frappée par un premier cancer du sein. Je ne m’y attendais pas du tout, et ça a été une vraie claque. On m'avait enlevé la tumeur, mais pas le sein. Bref, je vous passe cette expérience-là. Deux ans plus tard, un autre cancer était détecté, qui n’avait rien à voir avec le premier. Et c'était terrible parce que je commençais à reprendre une activité. Et là, j'ai vraiment eu un moment de grande dépression, de désespoir. L'idée de retourner dans les hôpitaux, d'être de nouveau confrontée à des choix, me sentir écartelée : médecine médicamenteuse, médecine alternative…. Et puis surtout, je voyais mon univers qui se rétrécissait, puisque mes journées se résumaient à quel médicament j'allais prendre, quel médecin j'allais voir, avec quels moyens de communication j'allais aller chez le médecin, dans quel hôpital j’allais aller, où j'allais garer ma voiture…

Et pour moi, c'était vraiment désespérant . Et je suis sortie de cette spirale-là avec tout à coup une illumination en me disant : “maintenant, Nathalie, tu sais, si tu ne vis ça que pour toi, ça n'a pas de sens. C’est certainement que tu vis cette experience pour le collectif.” Et tout ça m'a détendue et je me suis dit : “je vais le vivre à fond”. J'ai commencé les traitements, et je me suis rendu compte que j'avais juste une envie, c'était d'être seule à vivre et accueillir cette expérience, en prise directe avec moi-même. 

Et pourtant j'aime le contact avec les autres. J’ai pensé qu’un jour j'aurais envie de raconter tout ce que je vivais et j’ai donc commencé à écrire tous les jours. C’était double en quelque sorte : être moi avec moi- même dans une forme de solitude et de silence. Et puis l'envie de communiquer, de partager et d'être en lien avec les autres. Et l’écriture me l’a permis. J’ai accepté relativement facilement, lors du deuxième cancer, la chirurgie et l’ablation de mon sein droit, puisqu'il était affecté finalement de deux cancers différents. J’ai compris qu’il était vraiment malade. C’était tout de même une étape difficile, même si l'infirmière vous dit : “Madame, ce n'est qu'un sein, ce n'est même pas un organe vital”… Ensuite, j’ai appris que la chimiothérapie était nécessaire, chimiothérapie que j’avais refusée la première fois, parce que j’étais dans un état d’épuisement total, et je pensais que je n’allais jamais la supporter.

Anne Gillet - Votre titre “Parcours de grande santé à travers hôpitaux, champs et forêts”, que signifie-t-il?

Nathalie Legros - L’attitude de n'aller contre rien, qui est devenue très importante pour moi. De n'être ni pour ni contre quelque chose, mais d'”être avec”, donc d'accompagner, et d'être accompagné. J’ai choisi de faire cette chimiothérapie, je l’ai choisi parce que je le sentais de l'intérieur, pas parce qu'il y a quelqu'un qui me disait de la faire, mais parce que je sentais vraiment la petite voix à l'intérieur qui me disait : “tu en as besoin”. Dans le monde médical tu es vraiment traité comme un objet. Et donc, il est important d’avoir la conscience que c'est toi qui es aux commandes de ce navire et qu'effectivement il n’y a que toi qui d'abord peux te guérir, qu'il n'y a que toi qui as la vue d'ensemble et le ressenti d'ensemble. 

Un autre point que je trouve important, qui est une clé de la grande santé, c'est de rester présent dans l'inconfort. Et ça, c'est quelque chose qui n'est pas facile dans le monde d'aujourd'hui : rester présent dans l'inconfort, dans la non-connaissance, dans le doute. Rester présent, ne pas se plonger dans un roman ou faire des choses qui t'absentent de toi-même. Ce dont on a besoin n'est pas nécessairement ce qu'on veut et ce qui est bien pour nous n'est pas nécessairement ce qui est confortable. 

Ça a aussi très fort troublé les médecins parce que je voulais vivre cette chimio en prise directe. Je voulais sentir les effets que ça faisait dans mon corps. Et donc je n’ai jamais pris un anti-douleur. Une autre clé pour moi de la grande santé, c'est la présence à ce qui se passe. Et pour ça, la nature m’ a beaucoup aidée.

Anne Gillet - Marcher et encore marcher…. 

Nathalie Legros - Oui ! Marcher… et parler aux plantes ! Alors ce que je trouve intéressant dans l'expérience que j'ai vécue, c'est que j'ai accepté, tout en étant herboriste et en travaillant avec la nature, j'ai aussi accepté la chimie et l'environnement médicalisé qu'on me proposait. Mais très vite, je me suis reliée aux molécules, que j’ai rebaptisées avec des petits surnoms affectifs. Les veilles de chimio, j'allais dans la forêt, je marchais, je parlais à toutes les cellules de mon corps : “bon les gars, demain on y retourne. Barrez-vous toutes les cellules qui n'ont rien à faire, mettez-vous à couvert ! (rires !). La première chose que je faisais, quand l'infirmière arrivait avec la poche de chimio, c’était d’y dessiner des cœurs, des fleurs, des étoiles. Sur le fond, en fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai eu douze séances de chimio que j'ai vraiment vécues comme douze portes. Et à chaque séance de chimio en particulier, j'ai eu l'impression de me délester de quelque chose. C'était d'abord mon image physique, les croyances, les valeurs, même les souvenirs, les rôles, … Les cheveux tombent à un moment, et ça aussi c'est tout un deuil et un lâcher. Et à un moment tu dis que tu ne vas pas t'en sortir. Il y a un moment où le souvenir de mon grand-oncle m'est revenu tout à coup, il est mort dans un camp de concentration et il n'a pas survécu à la fatigue et aux mauvais traitements. J’ai eu comme une connexion avec lui et j'avais l'impression d'être dans le même état. Je me disais : “je n’y arrive plus, c'est trop”.

Anne Gillet - Pourtant, finalement, vous avez fait confiance à ce que vous pensiez et en ce qui arrivait… 

Nathalie Legros - Ah oui, absolument. La confiance, ça c'est une autre clé, c'est tellement essentiel. Et moi j'ai la chance d'avoir une forme de confiance depuis que je suis enfant. J'ai une conscience de faire partie de quelque chose de plus grand et que donc ce que je vois, ce que je touche, ce n'est qu'une partie de l'ensemble. Et que c'est un ensemble qui est bienveillant. Et là je reviens avec la nature, parce que pour moi c'est une clé aussi de confiance. Tu fais partie d'un grand tout, d'un grand mouvement et tu fais du mieux que tu peux. Toute cette expérience m'a fait grandir. Je sens vraiment dans chacune de mes cellules ce que c'est la grande santé. Ce terme de “grande santé, j'ai un peu cherché parce que ça m'est venu comme ça, tout seul dans mon esprit, mais Nietzsche en a parlé. On peut être en grande santé tout en étant malade, comme on peut être en bonne santé, sans maladie, tout en n’étant pas du tout en grande santé.

Anne Gillet - Aujourd’hui, vous organisez des cercles d’écoute…

Nathalie Legros - On a besoin de contribuer au monde, ça fait partie de notre raison d'exister…

Et c'est d'ailleurs, je trouve, la chose la plus difficile quand on est malade. Quand on a cette étiquette, on se demande vraiment comment on peut contribuer au monde. Les cercles de parole, d'écoute, de paix, de femmes, ça m'a toujours passionné. Moi, ce qui m’intéresse c’est d'être vraie, de pouvoir être soi comme on est, sans se prendre la tête, sans jouer un rôle ou un personnage. Et donc ces cercles, ce sont des espaces où on peut pratiquer l’art d’être authentiques (rires !). Une forme de presence à soi et aux autres en même temps. 

Pour revenir sur mon expérience, ce que je ressens, et pourtant je suis ingénieur, c’est que c’est ton corps qui se guérit et je crois qu’un bon médecin devrait juste activer les mécanismes de guérison de ce corps. Je parlais du fait de pouvoir rester dans l’inconfort, traverser cette zone d’inconfort comme si c’était une zone de turbulences. Et précisément, le cercle est un espace d'exploration de soi et ce n’est pas nécessairement confortable ce que tu as à dire qui vient vraiment de l'intérieur. Mais dans un cercle tu peux le tenter. Et je pense que cela peut vraiment aider à apprehender la vie. 

paqurettelivrePour aller plus loin: 

Alchimithéapie,
de Nathalie Legros,
12.00 €,  le livre en papier.


 

 

 

 

 

 

Je m’invente des histoires qui me font du bien  

« Aux ganglions qui restent, je dis : “Allez les gars, debout, au travail, à vous de prendre la relève maintenant”. À la lymphe, je dis : “Va, va comme le Gaillet, bouge et circule, charrie et ramène les émotions, les toxines à la terre”.  Chercher au fond de moi l’amour et la confiance. M’ouvrir à la voix du cœur. Celle qui est clairvoyante, courageuse et qui ne se voile pas la face. Cette voix qui va transformer la vibration de ‘chimio- thérapie’ en un champ de fleurs sauvages, en une clairière au milieu de la forêt. » 

« Chimiothérapie prend alors le parfum délicat de l’Églantier, la vigueur optimiste du Gaillet, la beauté de la Pâquerette. Elle devient une série de molécules de vie, de joie, de paix. Une foule de fées dépoussiérant l’espace de mon corps.  Des lutins purificateurs et coquins.  Le temps d’une initiation. Une invitation à voir plus grand, à embrasser la vie plus largement, à habiter chaque instant. 

Elle devient ALCHIMIOTHÉRAPIE traversant mon corps avec discernement dans l’intention ferme  de servir LA GRANDE SANTÉ

Une alliance s’établit entre les cellules, les molécules chimiques, les rayons de lumière. Y sont même inclus les tissus disparus : le sein droit et les ganglions. Une convention de paix est signée, un contrat invisible de respect, d’entente, de mesure et de bon sens. »

‘Vivre comme avant’.
Le nom d’une association qui vient en aide aux patients en oncologie. À l’intérieur de moi, ça chahute, ça chambarde, ça s’offense. On est proche de la rébellion, de la guerre civile. “Quoi ! Tu aurais vécu tout ça pour te remettre à vivre comme avant ! N’y pense pas une seconde. D’ailleurs, ‘avant’ n’existe plus. Tu vois bien qu’il n’y a plus que ‘maintenant'. 

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