La mort est une naissance
Anne de Ligne est spécialiste de l’hypnose spirituelle. Elle partage avec nous sa vision de la fin de la vie, en s’appuyant entre autres sur les dévelopements en physique quantique. Car paradoxalement, aujourd’hui, ce ne sont plus les religions qui mènent à l’évidence de la vie après la mort.
ZEBRE - Vos mots autour de ce sujet toujours tabou sont très forts : vous dites que la mort fascine…
Anne de Ligne – Oui, c’est exact. Parce qu’elle est très proche de la vie, parce que nous aimons la vie, et que nous ne voulons pas la perdre ; c’est encore l’inconnu de l’autre côté. La peur de la mort et ses conséquences représentent un problème majeur dans notre civilisation occidentale. Cette peur est à l’origine de problèmes en cascade. La médecine, par exemple, en souffre beaucoup ; la mort est devenue un échec, on fait tout pour l’éviter au lieu de l’accompagner. Pourtant, si nous « mourons bien », une fois de l’autre côté, après notre passage vers une ouverture de vie bien plus grande, notre âme pourra continuer son chemin sans risque d’errer dans le monde physique ou de s’accrocher à des personnes. Elle ira là où elle doit aller pour poursuivre son évolution spirituelle.
ZEBRE - Elle fait partie de la vie, dites-vous…
Anne de Ligne – La mort constitue une partie essentielle de la vie. Elle constitue un aspect fondamental de toute tradition spirituelle. Nous quittons notre forme physique pour devenir conscience pure libre de notre « prison » matérielle. Or, nous ne pouvons retenir ce à quoi nous nous sommes attachés, puisque rien n’est permanent. Et aujourd’hui, ceci nous est confirmé par la physique quantique.
Chez les peuples premiers, les rituels post-mortem et l’accompagnement de l’âme sont très importants. Chez nous aussi, ils étaient importants, mais ils ont été progressivement « effacés » par le monde matérialiste qui s’est séparé de la spiritualité vers le XVIIe siècle, car on pensait que la spiritualité n’appartenait qu’à la seule religion.
La mort n’est qu’un interlude au cours de notre vie. Notre vécu, nos expériences s’accroissent d’une façon continue au fur et à mesure de nos incarnations. Elle est le passage d’un état de conscience à un autre.
ZEBRE – Cependant, le contexte qui entoure la fin de vie se précise de plus en plus d’un point de vue scientifique aussi…
Anne de Ligne – Aujourd’hui, il existe des milliers de témoignages sur les expériences de mort imminente (EMI). Et la médecine se penche sur le phénomène. En général, les EMI sont résumées en ces termes :
« Nous nous élevons au-dessus de notre corps et voyons les médecins qui s’acharnent à le réanimer. Nous montons lentement. Nous entrons dans un tunnel au bout duquel apparaît une grande lumière. Nous y rencontrons des êtres de lumière et des êtres que nous avons connus ou aimés dans notre vie humaine, ils prennent contact avec nous et viennent nous chercher. Dans ce monde spirituel règne un tel amour que jamais nous ne pouvons oublier ces instants. Il y règne aussi, pour certains, une musique dite céleste, et toujours une lumière blanche étincelante, impossible à décrire. Nous avons envie de rester là éternellement, mais quelque chose se rappelle à nous et nous nous retrouvons dans notre corps, soudain réanimé. »
Les soins palliatifs se développent un peu partout. Précieux, ils aident la famille et le mourant à se préparer à son départ. Aussi sûr que nous sommes nés, un jour nous devrons mourir, alors pourquoi ne pas le faire le plus consciemment possible ? Des approches d’hypnose nous y aident.
ZEBRE – Vous dites que les lectures des textes anciens nous apportent déjà des éléments de réponse concrets pour visualiser ce qui est rapporté par les expériences d’EMI...
Anne de Ligne – Certaines civilisations nous ont laissé des ouvrages très intéressants sur l’après-vie, dont Le Livre des morts égyptien, Le Livre des morts tibétain ou Bardo Thödol, De l’âme (Plutarque). Pour Plutarque, « au moment de la mort, l’âme se sent effectuer une marche sans fin dans les ténèbres, accompagnée de frayeurs et épouvantes. Au bout de sa route, elle aperçoit une lumière, des apparitions divines, et elle entend des paroles sacrées. L’âme y reconnaît la célébration des mystères et rejoint les hommes purs et saints. » Cette description ressemble en bien des points aux expériences d’EMI, décrites en détail, de nos jours, par Raymond Moody , précurseur dans ce domaine.
Décrire ce qu’il se passe juste après la mort reste cependant bien difficile. Le temps, l’espace, l’individualité n’existent pas dans le monde posthume, le monde au-delà du temps et de l’espace. Ce monde est régi par la physique quantique.
ZEBRE – Les textes égyptiens en particulier, sont précis et racontent le « comportement » de l’âme aussi bien dans sa vie terrestre qu’après…
Anne de Ligne – Le Livre des morts égyptien, tel que relaté par Pascal Bancourt , explique qu’après la mort, nos facultés humaines sont résorbées une par une dans l’âme où elles ne subsistent plus qu’à l’état de potentialité. La façon dont l’âme du défunt vivra ces transformations varie en fonction de l’existence que celui-ci aura menée sur terre. Durant sa vie terrestre, l’âme s’est habituée aux attaches du corps physique et à la stabilité que lui assure son enveloppe corporelle. La mort physique et la séparation d’avec son corps vont la priver de ses repères habituels. Elle devient la proie flottante d’un environnement inhabituel, de courants de forces qui l’attirent ou la repoussent… elle ne sait plus s’orienter ni se prendre en charge… L’âme qui a quitté son corps demeure cependant emplie des sensations de la vie physique. Mais elle a perdu ses repères spatiaux et ses sens physiques ; elle vogue dans les ténèbres et le silence, sans point solide où s’appuyer, sans bouée pour s’agripper. Le défunt non préparé à la mort, nous dit encore Pascal Bancourt, passera mal cet état transitoire qui risque de se prolonger exagérément s’il s’obstine à se raccrocher au cadre de son ancienne condition terrestre, et s’il se cramponne à ce qui fut l’enveloppe de sa vie passionnelle et le lien avec la vie physique. Les tentations et les passions que le sujet n’a pas pu maîtriser sur terre ne connaissent plus le frein que leur imposait le cadre de la matière physique.
Ces passages sont importants pour comprendre pourquoi les « fantômes » ou âmes dites « errantes » peuvent parfois manifester des comportements qualifiés de « méchants » et pourquoi certaines civilisations leur donnent le nom de démons. Une personne peut être sous l’emprise d’une telle âme, il n’y a rien d’extraordinaire à cela, et il existe des méthodes pour l’ aider.
Dans la situation douloureuse où se trouve l’âme juste après le passage, le moindre sentiment de paix sera ressenti comme un bienfait inestimable. C’est pourquoi les rites funéraires, les prières et la veillée de la mort, recommandés par de nombreuses religions, sont prodigués et d’une grande utilité. Le meilleur moyen de passer l’épreuve du décès reste de s’y préparer durant sa vie terrestre, et au plus tard à partir du moment où l’on sent l’issue s’approcher.
« L’âme est le véhicule de la conscience, indépendante de l’espace et du temps… Elle survit donc après la mort. »
Philippe Guillemant
ZEBRE – Précisément, comment se préparer à « partir » ?
Anne de Ligne – Une recommandation serait de prendre conscience du caractère illusoire des succès remportés en ce monde physique, et de lâcher prise sur l’importance que nous donnons à nos avoirs et à notre ego. « Nous n’emportons dans l’au-delà que ce que nous avons donné », nous dit Christine André. Elle ajoute : « Veiller un mort, c’est lui donner la chance de commencer sa vie céleste la paix au cœur et à l’âme, c’est lui donner la possibilité de comprendre, c’est lui laisser le temps de se séparer des siens sans brutalité, et de se diriger vers le temps de repos avec sérénité. »
ZEBRE – La mort, vue par le prisme de la physique quantique, est très éclairante elle aussi…
Anne de Ligne – Marc Luyckx nous a présenté la vision très innovante de David Bohm (vous pouvez la retrouver dans le ZEBRE N°0). Celui-ci nous explique que le monde quantique « impliqué » est en dehors du temps et de l’espace. Il ajoute que c’est le seul qui soit réel. La conséquence, selon moi, est évidente. Quand nous mourons, nous sortons de la réalité qui est régie par l’espace-temps et qui est une illusion, et nous entrons dans le réel qui est en dehors de l’espace-temps. Paradoxalement, ce ne sont plus aujourd’hui les religions qui nous mènent à l’évidence de la vie après la mort. C’est la fine pointe des développements de physique quantique.
Notre civilisation occidentale judéo-chrétienne a été la première à nier toute vie après la mort, en dehors du paradis, du purgatoire et de l’enfer. Cette vision est heureusement sur le point de basculer.
Mais il fallait compter sur les années COVID-19 pour repartir avec la peur de la mort et son corollaire : tout faire pour éviter quelque chose dont nous ne voulons parler, quelque chose qu’il serait abject d’entrevoir. C’est un tel retour en arrière ! Nous étions pourtant familiarisés avec les expériences de mort imminente (EMI ou NDE en anglais) depuis de nombreuses années, ce qui nous avait éloignés de cette peur de la mort.
Paradoxalement, ce ne sont plus aujourd’hui les religions qui nous mènent à l’évidence de la vie après la mort. C’est la fine pointe des développements de physique quantique.
Anne de Ligne
ZEBRE – Pensez-vous que cette perception, cette peur de la fin de la vie pourrait évoluer ?
Anne de Ligne – Alors que nous entrons réellement dans le monde postmatérialiste, le monde matérialiste qui se meurt semble avoir un soubresaut de vie. L’être humain a oublié tout ce qu’il a appris durant une bonne partie de sa vie, au travers de ses prises de conscience et de sa vie spirituelle.
Il reste cependant inéluctable qu’au cours des prochaines décennies, la mort deviendra un processus normal et bien compris, aussi normal que celui de la naissance. Ce sera alors une merveilleuse révolution pacifique et spirituelle !