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« J’ai atteint le seuil de confiance suffisant pour défendre l’idée que LA MORT N’EXISTE PAS »

Et s’il s’agissait d’habiter poétiquement ce monde, mais aussi l’autre monde ? À la lumière de quinze ans d’enquête scientifique et d’exploration spirituelle, Stéphane Allix s’est forgé la conviction que la mort n’existe pas1. Son dernier livre dévoile le vertige d’une possible après-vie, pour gagner en sérénité dans celle-ci. Rencontre avec un plus-que-vivant.

Carine Anselme - Votre ouvrage s’intitule La mort n’existe pas. Qu’est-ce qui vous permet d’être aussi affirmatif ?

Stéphane Allix - Au départ, je pensais l’intituler : Et si la mort n’existait pas ? Au fil des échanges avec l’éditeur, j’ai accepté ce titre affirmatif, car il correspond à une réalité pour moi. Durant toutes ces années d’enquête et d’exploration qui ont suivi la mort accidentelle de mon frère, j’ai cherché la preuve que la mort n’existe pas, porté par la croyance que si tous les scientifiques n’étaient pas d’accord sur une même idée, celle-ci ne pouvait être juste. Or, au fil des recherches, j’ai réalisé que la science ne fonctionne pas ainsi. La science, c’est l’école du doute : elle est un espace en perpétuelle évolution, elle ne fournit pas de certitudes éternelles. Aujourd’hui, il existe suffisamment d’éléments de preuve qui me permettent d’affirmer que la conscience ne se réduit pas à l’activité de notre cerveau. Qu’elle a une dimension non locale, donc éternelle. Ces preuves sont convaincantes pour nombre de scientifiques de haut niveau. Si pour d’autres, elles ne le sont pas, j’ai atteint le seuil de confiance suffisant pour défendre l’idée que la mort n’existe pas, au regard du corpus de recherches et de travaux qui l’étayent.

Carine Anselme - À vos yeux, quelle serait la preuve ultime de l’existence d’une après-vie ?

Stéphan Allix - Il ne s’agit pas d’une preuve ultime ; ma conviction vient de cette accumulation d’éléments, combinée à un long cheminement personnel et d’innombrables témoignages. Certes, les expériences de mort imminente (EMI) déconstruisent nos certitudes, mais est-ce qu’elles prouvent définitivement la vie après la mort ? Je ne sais pas. En revanche, si on additionne les EMI plus le vécu subjectif de contact avec un défunt2, plus les recherches en neurosciences sur les psychédéliques, plus la médiumnité et les perceptions extrasensorielles, ou encore la vision à distance (remote viewing), ces phénomènes convergent vers la même direction : la conscience ne peut pas s’expliquer si on devait la réduire simplement à l’activité neuronale. À côté de ça, pour lever des résistances émotionnelles inconscientes, mon cheminement chamanique et psychédélique a été déterminant.

Carine Anselme - En quoi ces explorations d’autres niveaux de réalité ont-elles été décisives ?

Stéphane Allix - Tout d’abord, pour aborder un objet d’étude aussi complexe et délicat, aucune discipline ne se suffit à elle-même : il faut croiser les approches. Ces explorations m’ont permis de faire sauter des verrous. Elles m’ont donné à vivre, à voir et à ressentir ce que je pouvais découvrir dans les études sur les EMI, par exemple. Tous les chamanes à travers le monde, quelles que soient leurs traditions, disent entrer en contact avec un « monde des esprits ». Au départ, j’ai donc voulu tenter l’expérience pour vérifier si je pouvais être en mesure de voir moi aussi ces dimensions spirituelles, et possiblement ce qui se passe au moment de la mort, voire après… Malgré l’extrême confusion de mes premières expériences chamaniques en Amazonie, j’ai pressenti le potentiel inestimable de ces techniques. J’ai peu à peu compris qu’il était possible d’explorer la réalité autrement. En parallèle de ma démarche de journaliste, décortiquant et analysant les recherches scientifiques portant sur la nature de la conscience, j’ai donc mené ce cheminement spirituel à la subjectivité déconcertante. Deux axes d’une extraordinaire complémentarité ! Dans cette réalité plus vaste qui m’était soudain perceptible, la mort semblait s’être effacée.

Carine Anselme - Cet aller-retour entre connaissances scientifiques et expérientielles vient-il corroborer ce que vous avez ressenti émotionnellement, énergétiquement, au moment de la mort de Thomas, votre frère ?

Stéphane Allix - Oui, même si c’était très brouillon sur le moment. Ce qui est curieux, c’est qu’il y a eu une forme de dissociation assez nette entre ce que je ressentais comme normal à l’intérieur de moi – un état de choc – et cet état de confusion qui me semblait venir de l’extérieur, de mon frère, comme si j’étais perméable à sa stupeur. Or, tout ce que j’ai découvert par la suite est venu confirmer le fait que sa conscience, suite à cet accident, ayant été projetée instantanément dans le non-matériel, a pu d’une certaine manière me pénétrer. En raison de mon état de choc, j’étais plus « poreux » que d’ordinaire et nos deux consciences se sont en quelque sorte « imbriquées » l’une dans l’autre.

Carine Anselme - Sans renier vos expériences chamaniques et psychédéliques (tout en soulignant la nécessité d’être bien accompagné), vous confiez que la méditation est peut-être la voie ultime pour accéder aux dimensions élargies de la conscience…

Stéphane Allix - Aujourd’hui, c’est le cas pour moi. Mais sans la médecine sacrée amazonienne, sans les psychédéliques, je n’en serais pas là où j’en suis ! Vu les blocages et la structure mentale qui est la mienne, cela m’a permis de traverser les portes que je n’aurais pas pu ouvrir autrement. Notre conscience non locale est voilée, mais elle est tout le temps là ! La médecine sacrée, les substances psychédéliques lèvent le voile : elles provoquent des ouvertures de conscience intenses mais temporaires. Comme les portes sont à présent ouvertes, la méditation me permet de vivre des expériences très intenses et d’ancrer un cheminement spirituel dans le quotidien. Concrètement, notre réseau du mode par défaut qui cristallise notre ego dans sa prison et ses ruminations, que les substances psychédéliques mettent en sommeil, est également sensible à la méditation – une pratique régulière développe de nouveaux réseaux qui font durablement décroître l’emprise cognitive de ce réseau du mode par défaut.

Carine Anselme - Que peut-on faire pour accompagner avec justesse une personne qui s’apprête à mourir et possiblement l’aider à glisser vers l’« après » ?

Stéphane Allix - C’est une vaste question ! D’abord, s’enlever de la tête que notre présence requiert de parler tout le temps pour meubler le silence. Il s’agit donc d’être à l’aise avec le silence. Cela permet d’être dans une disponibilité et une écoute totales pour que la personne, avant de s’en aller, puisse, si elle le souhaite, s’exprimer sans qu’on lui coupe la parole ou commente ce qu’elle dit. Ce silence intérieur et cette écoute inconditionnelle permettront d’avoir une attention plus fine aux choses à faire ou à ne pas faire. Il faut réaliser que lorsque l’on s’apprête à mourir, tout peut nous bloquer, nous ralentir, nous ramener : une parole, un toucher non sollicités… Laisser partir l’autre, c’est déjà accepter la rupture tactile et verbale, le silence, tout en étant présent. Être juste là et rayonner d’amour peut suffire, et c’est extraordinaire3 !

Carine Anselme - Vous écrivez d’ailleurs que l’amour est la « substance » qui fait le lien entre les mondes…

Stéphane Allix - Ça, je l’ai ressenti ! Avant mes expériences chamaniques, j’entendais beaucoup parler d’amour, notamment dans les récits des gens qui ont vécu une EMI, mais je ne savais pas réellement ce que cela voulait dire. Pour moi, il s’agissait d’un attachement, d’un sentiment : quelque chose que j’éprouve pour ma compagne, ma fille ou certains proches. Mais l’amour dans lequel on pénètre après la mort, l’amour qui apparaît dès lors que notre cerveau cesse de nous masquer la réalité, est une puissance d’harmonie colossale, qui n’a rien à voir avec le sentiment ou l’attachement amoureux ! C’est un état de connaissance totale, je dirais presque la matière première spirituelle qui constitue notre réalité. On peut le sentir au chevet de quelqu’un qui s’en va, en état modifié de conscience ou quand on traverse une EMI. On perçoit alors cet amour comme étant l’énergie qui relie les individus séparés que nous croyons être.

Carine Anselme - Comment se préparer à notre propre mort ?

Stéphane Allix - La réponse que j’ai trouvée, c’est de veiller à se connaître le plus possible durant cette vie. La mort, si je synthétise, c’est la cessation d’activité de notre cerveau, qui construit une personnalité mue par des dynamiques psychologiques tout au long de l’existence. Plus tôt on prend conscience de cette personnalité et de ses limites, mais aussi de ces dynamiques psychologiques qui nous aveuglent et inhibent notre relation à notre âme, plus tôt on peut se rapprocher de cette âme durant notre vie, afin qu’il y ait moins de chocs au moment de la mort. C’est d’ailleurs ce que préconisent les spiritualités : elles incitent à atteindre l’Éveil. L’Éveil, c’est quoi ? C’est la disparition de l’illusion que je suis un personnage, et rien que ça. Quand « ça » disparaît, je redeviens mon âme. Une pure conscience. Les traditions spirituelles enseignent que c’est possible tout en étant dans un corps. Je m’y emploie. Du moins, j’essaie…

Carine Anselme - J’ai trouvé beau que votre livre sur la mort s’ouvre sur la dédicace : « À la vie… » Est-elle là jusqu’au cœur de la mort ?

Stéphane Allix - La vie est là tout le temps. Il n’y a que ça : la vie avant, la vie pendant, la vie après. Au regard de ce que j’ai pu comprendre, la mort est juste un effacement partiel, mais elle n’a aucune réalité, d’une certaine manière. C’est comme si vous quittiez la pièce où nous discutons : vous ne disparaissez pas, vous êtes juste sortie. C’est à présent ce que je ressens très fortement vis-à-vis de la mort.

1. La mort n’existe pas. 15 ans d’enquête sur l’après-vie
pour gagner en sérénité, Stéphane Allix (éd. HarperCollins, 2023).
2. Les vécus subjectifs de contact avec les défunts (VSCD) recouvrent la perception de la présence d’un être décédé. Études à l’appui, 40 à 60 % des gens disent avoir expérimenté ce phénomène.
3. Pour ce qui est des techniques d’accompagnement, voir livre co-écrit par le Dr Christophe Fauré et Stéphane Allix: Accompagner un proche en fin de vie, paru chez Albin Michel.


 

Cerveau, mon beau cerveau, dis-moi si je suis mort ?

La nature de la conscience demeure l’une des plus vertigineuses questions pour les chercheurs. Pour certains, elle serait une émanation de notre cerveau. Pour d’autres, elle serait non locale. Les phénomènes relatés par ceux qui vivent une EMI, survenant parfois lorsque le cerveau est en grande souffrance, voire en apparente cessation d’activité, questionnent cette nature de la conscience.

Dans son livre, Stéphane Allix va à la rencontre du neurologue belge Steven Laureys, directeur de recherche FNRS et responsable de l’unité de recherche GIGA Consciousness (fondateur aussi du Coma Science Group), qui a étudié les expériences de mort imminente, sous le prisme des neurosciences.

Pour ce dernier, tout se passerait dans le cerveau. Une chose est sûre : aucune personne en état de mort cérébrale n’est revenue à la vie. Mais les expérienceurs d’EMI, pour certains, sont en état de mort clinique. Or, en état de mort clinique, le cerveau semble être très vite à l’arrêt… Plusieurs études sur l’arrêt cardiaque indiquent ainsi qu’entre 10 et 20 secondes au maximum après l’arrêt, il n’y a plus de pression ni de circulation sanguines, donc a priori plus d’activité dans le cerveau…

Steven Laureys demeure prudent : « C’est un débat scientifique qui mérite plus d’études. On dit qu’au moment où certains témoins vivent leur expérience de mort imminente, le cerveau ne fonctionne plus. Peut-être. Mais peut-être pas. Il est possible, et c’est ce que je pense, que l’on ait besoin de beaucoup moins d’activité cérébrale que ce que l’on croyait historiquement pour qu’il y ait une perception, une pensée… »

Cette hypothèse de l’activité « résiduelle » qui provoquerait ces EMI ne convainc pas tous les scientifiques. Par exemple, le psychiatre Bruce Greyson, spécialiste des EMI, imagine mal comment une activité résiduelle dans le cerveau pourrait générer une telle expérience de conscience, d’une telle richesse.

En tout cas, ce sujet vertigineux mérite d’être exploré…


Le livre d’émerveille

La mort n’existe pas. 15 ans d’enquête sur l’après-vie pour gagner en sérénité,

La mort n'existe pas

Par Stéphane Allix

Éditeur: HarperCollins
ISBN: 9791033912569
Prix: 21,90 €

https://www.harpercollins.fr/products/la-mort-nexiste-pas

 

 



 

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