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« Nous partons toujours des questions des enfants ! »

Droit de réponse

Parce que nous voulons favoriser un débat de qualité, après avoir recueilli l’avis très critique du Dr Frédéric Goareguer sur le guide EVRAS, nous ouvrons nos colonnes sur le sujet à Virginie Lardinois, psychologue et animatrice EVRAS (Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle)  dans l’enseignement primaire et secondaire général. Elle travaille depuis 12 ans en planning familial à Bruxelles.

 BIOTEMPO : Un accord de coopération a été approuvé le 12 juillet dernier par les gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de Wallonie, et de la Commission communautaire française en vue de généraliser EVRAS dans l’enseignement ordinaire et spécialisé. Il comprend un financement propre et structurel pour les animations et un « guide des contenus ». Est-ce un tournant ?

368293054 604952001812736 4974453676931862804 nVirginie Lardinois : C’était attendu. L’EVRAS en tant qu’animations, cela existe depuis que les plannings familiaux ont été créés, c’est-à-dire bientôt 50 ans. Son expansion s’est faite à partir de 2012 quand les trois entités fédérées belges se sont accordées sur un protocole qui prévoit notamment la mise en place de ces animations dans les écoles par des professionnels de plannings familiaux, de la promotion de la santé à l’école et des centres psycho-médico-sociaux. 

Depuis longtemps, les plannings ont signalé que leurs équipes étaient à leur maximum de capacités et donc que, si on voulait plus d’animations, il fallait plus d’argent pour engager de nouvelles personnes. Le financement prévu par le nouvel accord de coopération va permettre d’aller vers la généralisation. L’intention, c’est que les élèves, quelle que soit leur école, puissent avoir accès à de l’EVRAS.

BT : Comment les animations sont-elles faites ? Pourquoi les enseignants en sont-ils exclus ? Des parents se plaignent de ne pas être mis au courant de l’heure des séances et de leur contenu à l’avance. Certains disent aussi que l’Etat cherche à prendre leur place et leur enlever toute autorité. Qu’en est-il exactement ?

VL : En effet, dans le secondaire, le corps enseignant n'est généralement pas présent. La volonté est de pouvoir offrir un espace avec une personne tierce, pour que les élèves puissent se sentir libres de poser les questions souhaitées, ce qui n'est pas toujours facile devant un.e enseignante. Leur implication est néanmoins possible. C’est d’ailleurs parfois les enseignant.e.s qui organisent notre venue. Notez qu'en maternelle ou au début du primaire, il est plus courant que les professeur.e.s soient invité.e.s car leur place est différente dans la dynamique de la classe.

Par rapport à l’information des parents, les dates des animations ne sont pas cachées. Certaines directions d’école les annoncent aux parents. Par contre on ne sait pas toujours à l’avance le thème précis et c’est lié au fait que nous arrivons avec un thème assez large et approprié à l’âge de la classe.

Il est important que tous les enfants puissent avoir accès, en dehors de la famille, à un endroit de paroles sécurisé où sont délivrées des infos correctes, car tous les parents n’ont pas les bonnes informations, certains ne savent pas comment parler de ces questions, ou ne veulent pas en parler et il ne faut pas oublier que certaines familles sont violentes et qu’il est essentiel que les enfants réalisent que ce sont des comportements qui sont interdits. Ceci dit, nos animations n’ont pas pour vocation de supplanter l’éducation donnée par les parents. Les deux se combinent.

BT : Cinq ans, est-ce vraiment un âge adapté pour de telles animations ? L’exposition précoce à des références sexuelles destinées aux adultes, et l’évocation de sextos ou de nudes dès 9 ans, ne risquent-elles pas d’attiser la curiosité des enfants, de pousser à la sexualité et de la banaliser ?

VL : Pour moi, c’est indispensable de commencer dès 5 ans. Il est déjà arrivé qu’avec des élèves de cet âge-là, la discussion porte sur le respect ou sur les stéréotypes. Evidemment, ce ne sont pas ces mots exacts qui sont prononcés mais nous disons par exemple qu’on ne devrait pas se moquer d’un petit garçon qui a envie de jouer à la poupée. Cela permet en effet de discuter de la moquerie, de ce que ressent celui qui la subit, de ce qui nous amène à nous moquer des autres. On peut aussi alors aborder des stéréotypes. Pourquoi un garçon ne pourrait-il pas jouer à la poupée ? Qui a dit cela ? D’où cela vient-il ? Etc.

Par contre, il n’est pas question d’expliquer la façon de mettre un préservatif à des enfants de 5 ans. Quand nous allons en animation, que les enfants aient 5, 12 ou 16 ans, on ne les expose pas à des références sexuelles d’adultes. Nous partons systématiquement de ce dont ils ont envie de parler, de leurs questions, de leur vocabulaire et de leur stade de développement.

BT : Est-ce que l’information sexuelle donnée à la petite enfance protège vraiment les enfants ?

VL : Protéger les enfants serait un objectif presqu’inatteignable pour l’EVRAS. Par contre on peut prévenir les violences et permettre aux élèves de construire des compétences qui favorisent le respect. Beaucoup d’études, américaines notamment, montrent que les jeunes adultes ayant des comportements les moins à risques sont ceux qui ont bénéficié d’animations telles que les nôtres.

BT : Est-il vrai que certaines animations se sont mal passées et que des enfants sont rentrés en pleurs à la maison, choqués de ce qu’ils avaient vu et entendu ?

VL : Vous me l’apprenez. Je ne dis pas que cela n’a jamais existé mais si c’est arrivé, je crois que c’est rare et malheureux. L’inverse existe aussi. Des enfants rentrent chez eux très contents de ce qu’ils ont appris et heureux de pouvoir l’expliquer à leurs parents. 

BT : Vous avez évoqué un guide. Est-il vrai qu’aucun psychologue, ni pédopsychiatre n’y a participé ? Que contient-il ? Il fait l’objet de vives polémiques. Cela vous semble-t-il justifié ?

VL : : Plusieurs psychologues ont participé à la création de ce guide. La liste complète des personnes qui ont pris part à son élaboration est trouvable assez facilement sur evras.be. Ce guide est à destination des professionnel.les de l’EVRAS. Ce n’est pas un livre qu’on donne aux enfants ou aux écoles. Ce n’est pas non plus un programme, ni un mode d’emploi de nos animations. C’est un guide qui a été élaboré à partir des questionnements d’environ 380 enfants et jeunes de 5 à 18 ans, de l’enseignement scolaire primaire et secondaire, ordinaire et spécialisé. Ils ont été interrogés en 2020 et 2021.

Ce sont plutôt des conseils donnés par des professionnel.les de l’enseignement, du développement, et de l’enfance. Ils ont réfléchi à la manière d’aborder les thématiques que les enfants souhaitent voir traitées, en fonction de leur âge et de leur développement psycho-affectif.

Certaines polémiques ayant surgi à la sortie de ce guide sont basées sur des informations qui ne sont pas correctes. Par exemple l’idée qu’on apprendrait à se masturber à des élèves ou à écrire des sextos à 9 ans. D’autres controverses sont liées à des peurs de parents de ne pas savoir ce qu’on va raconter à leurs enfants. J’invite les parents à contacter les directions des écoles ou les plannings familiaux. Il n’y a rien de secret.

VL : La question du transgenre est aussi très controversée. Est-il judicieux de l’aborder à un âge où l’enfant, immature biologiquement, est en plein développement psycho-affectif, cognitif, et émotionnel ? A-t-on bien mesuré les affres de certaines détransitions ?

D’abord, je tiens à préciser que cette question de la transidentité ne concerne que 5 pages sur 300. Le guide ne dit pas qu’il faut parler de la transidentité à des enfants de 5 ans mais il explique comment en parler si la question émerge de leur part. Il ne suggère pas non plus de prendre des hormones ou de faire une opération, ce qui est d’ailleurs interdit par la loi belge en-dessous de 18 ans.

Quant à la détransition, le manque d’informations en est la cause la plus importante. Raison pour laquelle en animation, certaines associations, par exemple Genres Pluriels, vérifient que la personne qui souhaite une transition de genre dispose de toutes les informations correctes et des implications de son choix.

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